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Pourquoi j’ai arrêté de regarder les informations ?

Pourquoi j'ai arrêté de regarder les informations ?1

Depuis quelques années, j’ai décidé d’arrêter de regarder les informations. Pourquoi ? Premièrement, je dois reconnaître que ce choix est dû à mon hyper sensibilité. J’ai tout simplement fini par saturer. Meurtre, guerre, famine, violence, crise, problèmes politico-économique, montée du racisme, chômage, aggravation climatique, droit des femmes bafoués, violation des droits de l’enfant, des femmes, et des travailleurs aux quatre coins du monde, bref autant dire qu’il n’y a pas mieux pour sombrer peu à peu en dépression.

Que l’on ne s’y méprenne pas. Je crois qu’il est primordial d’informer les citoyens que nous sommes. C’est une chance et un droit sans précédent que nous avons et dont beaucoup d’être humain ne bénéficient toujours pas aujourd’hui. Il est important de le rappeler. Il me semble également important de rappeler que des hommes et des femmes se sont battus et continuent de le faire afin que nous puissions bénéficier du droit à l’information et par la même occasion à la liberté d’expression.

Mais la façon dont l’information nous est transmise actuellement nous permet-elle vraiment d’éveiller notre conscience du monde, de comprendre les enjeux politiques et géopolitiques, d’activer notre sensibilité aux autres (nos frères humains), d’avoir une totale maîtrise des données économiques, de nous inquiéter réellement de la dégradation de notre système écologie, ainsi que de notre système scolaire ?

Bref, notre système informatif nous permet-il de nous prendre en main et d’agir en tant que citoyens conscients, éclairés et déterminés à agir en vue de contribuer à l’amélioration de notre monde ?

Je n’ai pas de réponses toute faites, et je dois bien reconnaître qu’à mon niveau je me sens souvent impuissante. Je reste pourtant convaincue que nous pouvons TOUS agir à hauteur de nos moyens et de nos capacités. Pour moi, c’est l’écriture, et vous ?…

La façon dont la télévision oriente et traite les sujets fait-elle de nous des moutons passifs confortablement installés dans une gloutonnerie informative malsaine et complaisante, ou nous donne-t-elle les moyens de nous poser les bonnes questions, afin d’apporter en tant qu’individu, citoyen et être humain, des changements significatifs dans nos vies quotidiennes et au sein de nos sociétés ?

Qu’en pensez-vous ?

Si je devais donner mon avis j’aurai tendance à dire qu’en tant qu’ancienne téléspectatrice, il m’est soudainement apparue que j’étais gavée comme une oie. Une oie bien grasse, et bien dodue, à la routine huilée, mangeant son plateau repas devant le fameux journal de 20 h, la bouche entre-ouverte, l’air légèrement hébété mâchant machinalement et regardant les images passivement, me délectant du flot morne, lugubre, et cyclique des paroles incessantes finissant par faire un bruit de fond inaudible, un brouhaha angoissant mais sécurisant puisque routinier… M’exclamant face à la surenchère informative, pestant quand il le fallait, silencieuse et solennel face à l’horreur du monde et la misère de mes frères humains, souvent dépitée face à l’immondice de ce monde, mon monde… Impuissante et lasse, en colère de ne savoir quoi faire, et coupable d’alimenter quotidiennement cette routine au nom de mon droit à l’information.

La deuxième raison pour laquelle j’ai cessé de regarder les informations relève du fait qu’il m’est devenu très difficile de continuer à jouer le jeu du « théâtre médiatique ». J’ai eu comme l’étrange impression que peu à peu, la tendance était au sensationnalisme, à l’amplification, et à la transmission d’informations creuses, répétitives et très nettement orientées. Les temps informatifs me sont donc apparus comme une scène ouverte, un vil spectacle cherchant a émoustiller notre émotivité primaire, stimulant nos plus bas instincts de survie, comme si l’objectif était de nous transformer insidieusement en zombies écervelés et apeurés, se repliant sur eux-mêmes et vivant dans la paranoïa et l’angoisse de l’autre.

L’autre l’ennemi, le bouc émissaire, le terroriste, le profiteur, le chômeur, l’étranger, le mécréant, le mangeur d’allocation, le jeune, le fauteur de trouble, l’anti-héro, le drogué, le mal loti, le mal logé, la femme célibataire, le smicard, l’immigré, bref l’autre, celui de quelqu’un, celui qui attise la haine dans les cœurs, trouble les esprits des uns et des autres, car nous incarnons tous l’autre de quelqu’un, et malheureusement cette tendance tend à priver l’individu le plus sensé et le plus éclairé de toute sa clairvoyance et de tout son bon sens, faussant son jugement, l’incitant à voter FN, par déception, autorisant ça et là des discours qui dérapent et bafouent la dignité des uns et des autres.

Aujourd’hui je préfère de loin lire la presse écrite (tout bord confondu) privilégiant ainsi différentes sources afin d’affûter mon esprit critique, de pouvoir faire une synthèse et d’y voir plus clair dans cette profusion de données. Quoi que là encore, je prends énormément de distance !

Il y a de quoi être en colère, attristé et effrayé face à l’état de notre monde.
Et chaque jour, le fait de regarder le journal télévisé amplifie un peu plus cette désagréable sensation d’angoisse et de révolte. L’image n’aide en rien, contribuant à accentuer la gravité des faits, à titiller notre émotivité la plus vile et la plus instantanée faisant appel à une émotion « sur le moment » vite oubliée, et aussitôt ravivée lors du prochain journal télévisé, sans que l’on s’en rende réellement compte, convaincu d’accomplir ainsi notre mission de bon citoyen.

Nous nous sentons impuissants et avons cette étrange sensation que nous ne pouvons rien y faire… Alors nous continuons à ingurgiter autant que nous pouvons des informations d’ici et d’ailleurs pensant qu’ainsi, nous maîtriserons un peu mieux un système qui, il faut bien le reconnaître, nous dépasse totalement.

Aussi lors d’un dîner entre amis, d’un déjeuner familial ou d’une pause-café entre collègues, nous n’hésiterons pas à évoquer le dernier buzz médiatique, l’information de dernière minute, le scoop du moment, tout fier de détenir ce savoir, convaincu que nous accomplissons ainsi notre rôle de citoyen. Nous n’hésiterons pas à nous offusquer, à crier au scandale, à nous sentir touché par ce que nous voyons, abasourdis de constater que les séries fictions à l’américaine se jouent là sous nos yeux, au cœur d’une réalité tout à fait palpable.

Puis nous oublierons aussi vite cette source de connaissance, car il va en va ainsi. L’information d’aujourd’hui est furtive. Il faut informer coûte que coûte, et à tout prix, être à l’affût de la dernière information et la transmettre. Il faut être sur le terrain, toujours plus proche de la « réalité », capter les images, interviewer des spécialistes et interroger sur le vif pour retranscrire au mieux l’émotion des témoins. Toujours plus vite, l’information file et défile. A peine a t’on réussit à assimiler une information qu’une autre survient, la rendant obsolète. Le cycle informatif nous ballotte au gré des improbabilités de ce monde, nous entraînant toujours plus loin dans une « réalité-fiction ».

Jusqu’à quand resterons nous inertes ? Jusqu’à quand continuerons-nous d’être des Télé Spectateurs de masse passifs ?

À propos de l’auteur

Aude a fondé Belle ô pluri'elle avec l'objectif  de valoriser l'essence féminine et promouvoir les beautés plurielles. Accompagner et aider  les femmes à révéler tout leur potentiel est une mission qui la passionne. Découvrez son dernier livre Osez le chômage ! Un tremplin vers la carrière de vos rêves paru aux éditions Vérone. http://osezlechomage.fr

2 commentaires

  1. LeRunner51 a dit :

    Intéressant ton article.Tu parles de sensationnalisme des informations.C’est tout à fait cela:Le but de ces journalistes est de jouer avec nos émotions en nous bombardant le cerveau d’informations brutes et choquantes,ce qui entretient le téléspectateur dans la peur et la morosité.Évidemment les beaux évènements de la vie ça n’attire pas l’audimat(et au final la pub en prend un coup,car c’est cela qui rapporte l’argent aux chaînes) .Au final on finit par déprimer et rester passif dans la morosité.Personnellement,je ne regarde plus les infos car au final ça n’a que peu d’intérêt et ça me fait perdre mon temps.

    Bonne continuation pour ton blog

    1. belleoplurielle a dit :

      Bonsoir et merci à toi pour ton retour et ton partage ! Je m’excuse pour ma réponse tardive je venais tout juste d’accoucher lorsque tu as posté ton commentaire ! Oui effectivement je suis d’accord avec toi regarder les informations constitue une réelle perte de temps. Il est primordiale de s’informer mais la façon dont on nous présente l’information sur les chaînes télévisées est globalement anxiogène et abrutissante ! Serait-ce voulu ?… Merci pour tes encouragements concernant mon blog et à bientôt !

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